Affaire Belaïd et Brahmi: Implications de Ghannouchi et de l'Etat...?
Abdennacer Laouini, membre du collectif de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohmed Brahmi, a déclaré, ce jeudi, lors de son passage dans Midi Show, qu’une plainte a été récemment déposée contre le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, son fils et d’autres membres du parti, pour complicité dans l’assassinat de Chokri Belaïd.
«Le 31 janvier 2023, nous avons officiellement déposé une plainte dans ce sens contre eux et nous sommes en train de travailler actuellement sur les commanditaires de l’assassinat. La planification de l’assassinat de Belaïd a été faite dans deux mosquées à Dubozville et à la cité El Khadhra», a-t-il dit.
Le membre du collectif a noté que les présomptions sont fortes et que c'est pour cela que la plainte a été déposée contre Ghannouchi et d’autres complices. «Ces derniers doivent donc rendre des comptes».
Dates clés
Laouini a assuré que le dossier du martyr Chokri Belaïd a été fragmenté en 2014, car il y avait des suspects dont la détention ne pouvait pas être prolongée, sans accusations, mais en parallèle le collectif a découvert que des crimes de falsification ont été commis par Béchir Akremi, le juge d’instruction en charge du dossier.
«Nous avons découvert que Chokri Ben Othmen, un des impliqués dans l’assassinat, ne figurait pas sur la liste des accusés. Il a été considéré par le juge d’instruction en tant que témoin. Pourtant il faisait partie du cercle restreint des accusés. Cet individu a été libéré, avant d’être incarcéré de nouveau», a précisé l'avocat.
Le membre du collectif a, par ailleurs, accusé l’Etat de complicité dans l’affaire de l’assassinat de Mohamed Brahmi. «C’est confirmé par le document de renseignement, avertissant du risque de l’assassinat de Brahmi. Même dans le cas de Chokri Belaïed, une alerte a été communiquée, via les canaux diplomatiques.
"Mais dans les deux cas rien n’a été fait pour éviter les deux assassinats. Un suivi n’a pas été assuré par le ministère des Affaires étrangères pour Belaïd. La CIA a donc décidé d’envoyer un document alertant du risque de l’assassinat de Brahmi au ministère de l’Intérieur. Nous avons découvert le niveau de complicité des appareils de l’Etat. Ceci a été confirmé, en 2015, à la découverte du dossier de la "Chambre noire" du ministère de l’Intérieur et l’affaire de Mustapha Khedher. La Chambre d’accusation a décidé de limiter l’accusation à ce dernier uniquement. Il a même failli être condamné à quatre ans de prison, pour la seule détention de documents administratifs. Mais il y avait le dossier et ce qui cachait derrière. Il n’y a pas eu une expertise des documents et du contenu de trois ordinateurs détenus par Khedher", a encore souligné l'invité de Midi Show.
Laouini a assuré qu’en 2018, le collectif avait annoncé l’existence de l’appareil secret et de la chambre noire. Mustapha Khedher avait les numéros des téléphones d’Abou bakr Al Hakim, le principal accusé de l’assassinat de Brahmi. Des numéros dont le juge d’instruction ne connaissait même pas l’existence. En 2013, les appareils sécuritaires ont été informés qu’Abou bakr al Hakim se trouvait à la cité Al Ghazala, chez sa tante. Une unité de la brigade anti-terrorisme s’est déplacée sur place, accompagnée d’agents du poste de police du quartier. Mais ces derniers ont indiqué la mauvaise maison, permettant à Al Hakim de prendre la fuite… Les fichiers retraçant les appels téléphoniques, ont confirmé que Mustapha Khedher a appelé Rached Ghannouchi et son fils à plusieurs reprises, ce jour-là…
Le cas Abou Iyadh
L’avocat a, également, abordé le cas du chef terroriste Abou Iyadh. "Ce dernier a été évacué vers Sidi Ali Ben Aoun, dans un véhicule conduit par un agent de la Garde nationale, accompagné d’un agent de police, après sa fuite "assistée" de la mosquée Al Fath. Des agents en civil se trouvaient à la mosquée et ils ont reçu l’ordre de ne pas l’arrêter. Il a été pourtant interpelé, près de Hammam-Lif et, mais ordre a été donné de le relaxer. Il y a une vidéo qui prouve ce que je vous annonce", a encore noté Laouini.